Des robots feront-ils la guerre à la place des soldats d’ici 2030 ?

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Les robots remplaceront-ils bientôt les soldats dans les armées et les conflits ? En Grande-Bretagne, l’idée fait son chemin comme le montre la dernière sortie du général de division Charles Collins dans les lignes du British Army Review et rapportée par le Mail Online.

Selon lui, « d’ici 2030, le premier contact avec un ennemi potentiel sur le champ de bataille devrait être effectué par un robot« , ce qui augmenterait par la même occasion les chances de survie des soldats en chair et en os. Ici, il n’est pas seulement question de drones contrôlés à distance par un être humain, mais également de machines en partie autonomes, capables de prendre des « décisions » en fonction de leur environnement.

En réalité, cette volonté n’est pas nouvelle. Déjà en 2020, dans un article du Guardian, un autre officier de l’armée britannique, le général Sir Nick Carter évoquait le projet d’incorporation de 30.000 « soldats robots » dans l’armée d’ici 2030 : « Je soupçonne que nous pourrions avoir une armée de 120.000, dont 30.000 pourraient être des robots, qui sait ?« . Ces derniers seraient amenés à travailler aux côtés des humains, sur et autour de la ligne de front.

Pour le moment, la plupart des drones, des véhicules terrestres et maritimes sans pilote nécessitent une intervention humaine à distance. Cependant, cette situation est susceptible de changer rapidement alors que les progrès dans le domaine de l’automatisation ne cessent de s’accélérer. Plusieurs pays font même déjà l’usage de certaines armes à capacités autonomes.

Ukraine, terrain de jeu des drones

Selon l’Automated Decision Research, un think tank de l’initiative Stop Killer Robots, le conflit en Ukraine connaît le déploiement de plusieurs armes dotées de diverses fonctions autonomes.

Parmi elles, on retrouve le Koub-BLA, un drone suicide tactique russe de haute précision fabriqué par Zala Aero Group, qui serait doté de la technologie d’identification visuelle par intelligence artificielle (AIVI).

Cette technologie permettrait la reconnaissance et la classification en temps réel des cibles, ce qui explique sa catégorisation en arme en partie autonome.

La Russie aurait également utilisé le drone Lancet, successeur du Koub-BLA, sur le théâtre d’opérations ukrainien. Cette arme est décrite comme « une arme polyvalente intelligente, capable de trouver et d’atteindre une cible de manière autonome« .

Du côté ukrainien, nous connaissons bien le fameux drone turc Bayraktar TB2, qui a connu un grand succès et est même devenu un emblème de la résistance contre l’invasion russe. Mais ce n’est pas le seul.

Le pays utilise également les Switchblade 300 et 600, qui sont tous deux des drones suicides de fabrication américaine dotés de diverses capacités autonomes.

Libye, Israël, Pays-Bas, …

En Libye, un autre drone truc, le Kargu 2, aurait été utilisé pour la première contre des soldats. Selon un rapport de l’ONU, ces drones auraient été programmés pour attaquer des cibles, sans qu’il soit nécessaire d’établir une connexion entre l’opérateur et les drones, ce qui signifie qu’ils auraient été réellement placés en mode d’autoguidage automatique.

« Il est hautement autonome, capable de suivre un itinéraire et d’utiliser des algorithmes d’apprentissage en profondeur pour localiser, suivre et identifier des cibles sans assistance humaine« , explique le turc STM, fabricant du Kargu 2.

En mai 2021, lors d’opérations à Gaza, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont utilisé un essaim (une entité unique en réseau qui se pilote en utilisant l’intelligence artificielle) de petits drones pour localiser, identifier et attaquer des militants du Hamas.

Pour tout dire, il semblerait que ce soir la première fois qu’une telle technologie ait été utilisée lors d’une situation de combat.

En Europe, il ne faut pas oublier notre voisin direct, les Pays-Bas, qui ont déployé en octobre 2022, quatre véhicules terrestres sans pilote dans le cadre d’une expérimentation. Cela fait du pays le premier de l’OTAN à déployer ce genre d’équipement.

Des inquiétudes

Le développement de ces armes pose sans surprise des questions éthiques et juridiques. En effet, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’inquiète de l’accroissement possible des risques pour les civils mais également pour les combattants ayant cessé les hostilités.

Du point de vue juridique, l’institution d’aide humanitaire s’interroge sur le problème de la responsabilité en cas de violation du droit international humanitaire : « En temps normal, les enquêtes s’intéressent à la personne qui a fait feu et au commandant qui a ordonné l’attaque. Mais dans le cas d’une arme autonome, qui expliquera, par exemple, pourquoi un autobus civil a été pris pour cible ?« , peut-on lire sur le site du CICR.

Du côté de l’éthique, l’inquiétude principale est la rééducation, voir la suppression du contrôle humain sur les décisions de tuer, blesser et détruire. Ainsi, le risque serait de voir la conscience morale disparaître au profit de capteurs et autres algorithmes. « Il s’agit là d’un processus déshumanisant qui va à l’encontre de nos valeurs et désagrège notre humanité commune« , explique le CICR.

Mais l’institution humanitaire n’est pas la seule à s’inquiéter de l’avènement des armes autonomes. Déjà en 2017, un groupe de 116 spécialistes de la robotique, dont le milliardaire Elon Musk, ont exhorté l’ONU dans une lettre ouverte à prendre des mesures contre ces armes.

Le célèbre physicien Stephen Hawking mettait également souvent en garde contre un développement incontrôlé de l’intelligence artificielle, qu’il décrivait comme pouvant être « le pire événement de l’histoire de notre civilisation« .

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