Ce lundi 18 septembre, l’Ukraine a porté plainte auprès de l’OMC après que la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont maintenu leurs mesures d’interdiction de certains produits ukrainiens, contre l’avis de l’Union européenne.
La tension monte entre l’Ukraine et l’Europe centrale au sujet des céréales. Kiev dépend de ses voisins européens pour exporter son maïs, son blé ou encore son tournesol vers le reste du monde. En particulier depuis que la Russie s’est retirée, fin juillet, de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes en mer noire.
Les pays voisins de Kiev sont devenus incontournables pour le transit de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cinq pays voisins avaient obtenu de l’Union européenne que les céréales ukrainiennes ne soient plus vendues chez eux mais y transitent seulement.
Une mesure levée vendredi 15 septembre par Bruxelles, mais la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont décidé de maintenir un embargo. Si bien que l’Ukraine a porté plainte devant l’organisation mondiale du commerce ce lundi.
Pour le gouvernement ukrainien, la décision de Varsovie, de Budapest et de Bratislava de maintenir leur embargo contre l’avis de Bruxelles est inacceptable. Il a donc saisi l’Organisation mondiale du Commerce.
« Ces trois pays ont pris la décision chacun d’interdire l’importation de certains produits agricoles ukrainiens alors qu’il existe un accord de libre échange entre Kiev et l’Union européenne, a déploré Taras Vissotskiy, vice-ministre ukrainien de l’Agriculture. Je rappelle qu’en tant que membres de l’Union, ces trois pays sont tenus de respecter cet accord. Ils l’ont violé, et c’est pourquoi l’Ukraine réagit ainsi. »
La Pologne pas impressionnée, les interdictions élargies
« C’est pour nous crucial d’établir que des États membres ne peuvent pas interdire à titre individuel l’importation de biens ukrainiens », a expliqué la ministre de l’Économie Ioulia Svyrydenko dans un communiqué.
Les exportateurs ukrainiens « continuent de subir d’importantes pertes » liées à ces interdictions, a argumenté la ministre, espérant trouver un compromis avant une action en justice devant l’OMC, qui prendrait « très longtemps
L’esprit ne semble toutefois pas à la concorde. Dès lundi soir, Varsovie a annoncé maintenir l’embargo malgré la saisine de l’OMC. « Nous maintenons notre position, nous pensons qu’elle est juste, elle est aussi le résultat d’une analyse économique et des pouvoirs qui découlent du droit communautaire et international », a déclaré Piotr Müller, le porte-parole du gouvernement polonais, à la télévision Polsat News, ajoutant que la plainte devant l’OMC « ne nous impressionne pas ».
Plus de 10% des produits agricoles ukrainiens sont exportés ou transitent en Pologne, en Hongrie, et en Slovaquie, assure le vice-ministre. Le préjudice pour l’Ukraine est d’autant plus grand que le problème ne concerne pas que les céréales.
La Hongrie a annoncé une extension des restrictions à 24 produits au lieu de quatre, suivie de la Pologne où le gouvernement de droite populiste en fait « une question fondamentale » à un mois d’élections parlementaires. Idem pour la Slovaquie, qui a décrété un embargo jusqu’à la fin de l’année, tandis que la Roumanie s’est dite prête à faire de même pour une durée d’un mois si elle n’obtenait pas les garanties nécessaires de Kiev.
Le maître mot de ces pays : protéger leurs agriculteurs de la concurrence. La Bulgarie, elle, a suivi la décision de la commission européenne et autorise de nouveau librement les importations de céréales ukrainiennes. Mais ses agriculteurs ont manifesté ce lundi pour demander le retour de restrictions, pour ne pas faire chuter les prix sur le marché local, disent-ils.
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